Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/125

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cembre est donc conforme aux principes de la science stratégique, et le résultat en est pour ainsi dire garanti d’avance par l’expérience de l’histoire ; il est de plus conforme aux lumières du plus simple bon sens.

» La France est mutilée, il ne lui reste plus qu’un bras, mais ce bras est encore capable de tenir une épée. Un ennemi enhardi par le succès met la main sur Paris, la capitale saura-t-elle lui saisir cette main, sinon l’ennemi serrera plus fort et de son autre il l’écartera. Mais si du bras qui lui reste elle menace son adversaire, celui-ci lâchera prise aussitôt. Le bras de la Prusse est étendu sur la France de Strasbourg à Paris, c’est ce bras qu’il faut menacer avec toutes les forces disponibles.

» Pour que les opérations de la nature de celle que nous précisons réussissent, il faut deux choses :

» 1o Le secret gardé sur ses intentions qui ne doivent être révélées que tardivement par les faits et alors qu’il n’est plus temps pour l’ennemi d’y parer par des contre-manœuvres. L’art de la guerre n’est si difficile que par la difficulté qu’on éprouve à cacher d’une part ses projets à l’ennemi et de l’autre à pénétrer les siens.

» 2o L’exacte combinaison des détails, le recensement du matériel, des voies d’exploitation dont on doit se servir, le calcul exact des durées du transport par chemin de fer. La quantité suffisante de munitions de guerre et de denrées alimentaires assurée, de manière à ne laisser jamais aucun corps en l’air ou sans vivres. Dans la guerre, le calcul exact du temps et des distances est tout.

» Le plus beau plan du monde échoue parce qu’un corps d’armée arrive quelques heures trop tard sur le champ de bataille.

» Arrivé quatre heures trop tard, il se trouve en présence d’une déroute et l’aggrave même.