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« Notre administration, dit Jules Favre lui-même, recueillait ainsi les tristes fruits de la politique à laquelle pendant de longues années elle avait sacrifié les intérêts coloniaux. »

(Jules Favre, Simple récit d’un Membre de la défense nationale, page 269, tome 2.)

Vers la fin de février, les Arabes qui connaissaient le despotisme militaire, mais qui ignoraient ce que serait le despotisme civil et préféraient le mal connu au mal inconnu, commencent à se plaindre plus fort, qu’on envoyait jusque dans leurs familles des Français, pour lesquels ils sont toujours des vaincus ; ils réclamaient leurs compatriotes dans les bureaux et craignaient encore plus l’administration civile pour s’immiscer chez eux.

La révolte, qui chez les peuples asservis couve toujours sous la cendre se propagea rapidement.

Le vieux cheik Haddah sortit de la cellule où il s’était muré depuis plus de trente ans, que son pays souffrait de la servitude et commença à prêcher la guerre sainte.

Ses deux fils Mohamed et Ben Azis, El Mokrani, ben Ali Chérif et d’autres, soulevèrent les Kabyles ; ils eurent bientôt une petite armée et vers le 14 mars le bach aga de la Medjana envoya chevaleresquement une déclaration de guerre au gouverneur de l’Algérie.

Pendant huit jours, les Arabes assiégèrent Bordji-bou-Arréridj, mais les colonnes Bonvalet composées plusieurs milliers d’hommes les enveloppèrent.

L’un des cheiks, alors, descendit de cheval et gravit lentement la hauteur d’un ravin que balayait la mitraille.

« Il reçut, dit encore Jules Favre, la mort qu’il cherchait orgueilleux et fier comme il eût fait du triomphe. »

(Jules Favre, Simple récit d’un Membre de la défense nationale — 2e volume — page 273.)