Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/188

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descendit de cheval et, sans mot dire, très pâle, se dirigea vers la campagne ; je fis part de mes appréhensions à Cipriani en lui disant :

» — Vous le connaissez mieux que moi, suivez-le et empêchez-le de faire un mauvais coup.

» Cipriani mit pied à terre et suivit Flourens qui déjà était loin.

» Je restais seul à cheval, lorsqu’après un obus qui éclata tuant plusieurs fédérés, toute leur colère se tourna sur moi qui avais gardé mon uniforme d’officier de chasseurs à cheval, ils me traitèrent de traître, de Versaillais, disant qu’il fallait me faire mon affaire de suite. Heureusement, les artilleurs que j’avais emmenés et dont plusieurs avaient gardé comme moi leur pantalon de troupe prirent ma défense et calmèrent la colère des fédérés. Pendant ce temps, les obus ne cessèrent de pleuvoir. On me dit :

» — Puisque vous êtes monté, allez voir où est Flourens.

» Je partis au galop dans la direction qu’il avait suivie.

» Après avoir traversé quelques champs, j’arrivai dans des ruelles désertes où je ne vis qu’une vieille dame assise à une fenêtre ; je lui demandai si elle avait vu passer deux officiers supérieurs de la garde nationale, elle me répondit : — C’est Flourens que vous cherchez. Sur ma réponse affirmative, elle m’indiqua une maison complètement close, je frappai à la porte et aux portes voisines, mais je n’eus aucune réponse.

» Je revins au galop vers les fédérés ; on apercevait à quelque distance d’une part le corps d’armée de Bergeret, descendant la colline pour rentrer dans Paris, de l’autre beaucoup plus loin les avant-gardes de Versailles qui avançaient avec les plus grandes précautions.

» Le premier cri des fédérés fut : — Où est Flourens ? Qu’est-ce que nous allons faire ? D’un geste je leur