Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/22

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vit depuis des entreprises financières plus monstrueuses encore que celles de ce temps. En face des entraînements pour la guerre, il y avait des manifestations pour la paix, composées d’étudiants, d’internationaux, de révolutionnaires.

Les vers suivants écrits une nuit après l’assommade en donnent l’idée.

manifestation de la paix

C’est le soir, on s’en va marchant en longues files.
Le long des boulevards, disant : la paix ! la paix !
Dans l’ombre on est guetté par les meutes serviles.
O liberté ! ton jour ne viendra-t-il jamais ?

Et les pavés, frappés par les lourds coups de canne,
Résonnent sourdement, le bandit veut durer ;
Pour rafraîchir de sang son laurier qui se fane,
Il lui faut des combats, dût la France sombrer.

Maudit ! de ton palais, sens-tu passer ces hommes ?
C’est ta fin ! Les vois-tu, dans un songe effrayant,
S’en aller dans Paris, pareils à des fantômes ?
Entends-tu ? dans Paris dont tu boiras le sang.

Et la marche, scandée avec son rythme étrange,
À travers l’assommade, ainsi qu’un grand troupeau,
Passe ; et César brandit, centuple, sa phalange
Et pour frapper la France il fourbit son couteau.

Puisqu’il faut des combats, puisque l’on veut la guerre,
Peuples, le front courbé, plus tristes que la mort,
C’est contre les tyrans qu’ensemble il faut la faire :
Bonaparte et Guillaume auront le même sort.

(L. M. 1870.)

Rochefort ayant écrit dans la Marseillaise que la route jusqu’à Berlin ne serait pas une simple promenade militaire, les presses de ce journal furent brisées, par ces agents vêtus en travailleurs, que l’on appelait les blouses blanches et qui avec eux entraînaient des inconscients.