Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/281

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en criant aux hommes du peloton d’exécution : — Demi-tour à gauche.

» — Qu’y a-t-il ? demanda le patient.

» — Il y a, répondit d’un ton plein de regret le lieutenant chargé de commander le feu, que la Commune vient de décréter qu’elle aussi fusillerait les prisonniers si nous continuions à fusiller les vôtres, et que le gouvernement interdit maintenant les exécutions sommaires.

» C’est ainsi que trente fédérés furent en même temps que celui-là rendus à la vie, mais non à la liberté, car on les envoya sur les pontons d’où mon camarade de geôle partit en même temps que moi pour la Nouvelle Calédonie.

(Henri Rochefort, Aventures de ma vie, 3e volume.)

Les exécutions sommaires reprirent après le triomphe de Versailles ; les soldats eurent comme des bouchers les bras rouges de sang ; le gouvernement n’avait plus rien à craindre.

On verra combien du côté de la Commune le nombre des exécutions fut infime ! devant les trente-cinq mille, officiellement avoués, qui sont plutôt cent mille et plus.

Reconnu par un bataillon qu’il avait insulté, et accusé sur nombreux témoignages, d’intelligence avec Versailles, le comte de Beaufort fut passé par les armes, malgré l’intervention de la cantinière Marguerite Guinder, femme Lachaise, qui fit tout au monde pour le sauver. Elle fut plus tard accusée de sa mort et même d’avoir insulté son cadavre, comme si cette généreuse femme eût dû subir une punition pour avoir voulu sauver un traître !

Chaudey arrêté depuis quelques semaines sous l’inculpation d’avoir le 22 janvier ordonné de mitrailler la foule, n’eût pas été fusillé sans le redoublement de cruautés de Versailles, malgré la dépêche à Jules Ferry