Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/338

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on n’osa exécuter la sentence commuée aux travaux forcés à perpétuité ; il fut envoyé au bagne de l’île Nou.

Maroteau, malade de la poitrine, avant son départ, mourut le 18 mars 1875 à l’âge, je crois, de 27 ans.

Il avait une maladie de poitrine qu’il traînait depuis près de six ans, mais la fin était venue, on attend sa mort dès le 16 mars, l’agonie étant commencée.

Tout à coup il se soulève et s’adressant au médecin :

— « La science, dit-il, ne peut donc pas me faire vivre jusqu’à mon anniversaire, le 18 mars ?

— Vous vivrez, dit le médecin qui ne put cacher une larme. »

Maroteau en effet mourut le 18 mars.

Longtemps ses yeux parurent vivants regardant au fond de l’ombre venir la justice populaire.

Alphonse Humbert fut également condamné aux travaux forcés à perpétuité pour des articles de journaux.

On prétendit que le no du Père Duchêne du 5 avril, avait provoqué l’arrestation de Chaudey dont il n’était pas même parlé dans les passages incriminés. En voici quelques fragments.

« C’est la première fois que le Père Duchêne fait un post-scriptum à ses articles bougrement patriotes.

» C’est aussi que jamais le Père Duchêne n’aura été si joyeux oui, nom de noms.

» Comme les affaires de la sociale vont bien et comme les jean-foutre de Versailles sont foutus plus que jamais.

» Enfin tous les vœux du Père Duchêne sont comblés, et il peut dès à présent mourir.

» Les battements de son cœur auront pour la 3e fois en moins de 15 jours salué la Révolution sociale triomphante.

» Et savez-vous pourquoi le Père Duchêne est si content bien qu’il y ait eu aujourd’hui une centaine de bons bougres de ses amis de tués ?