I
évasion de rochefort — la vie en calédonie — le retour
Pour que soit libre enfin la terre,
Les braves lui donnent leur sang ;
Partout est rouge le suaire
Et la mort va le secouant.
C’est là qu’il faut serrer les lignes, pour dire en peu de mots des souvenirs si nombreux.
Je revois Auberive avec les étroites allées serpentant sous les sapins, les grands dortoirs, où soufflait le vent comme dans des navires. Les files silencieuses de prisonnières avec la coiffe blanche et le fichu plissé sur le cou par une épingle, pareilles à des paysannes d’il y a cent ans.
Nous y étions venues à vingt, de Versailles, en voiture cellulaire qu’on monta sur les rails et qu’on attela suivant les trajets à parcourir.
Ayant été averties seulement la nuit du départ, nous n’avions pu prévenir nos familles, le lendemain était jour de visites, tout comme à mon départ pour la prison d’Arras, beaucoup d’autres, comme ma mère vinrent à Versailles, et reçurent la réponse que nous étions parties en centrale attendre la déportation.