Condamné pour le fait à la déportation enceinte fortifiée, sa santé était si chancelante qu’on ne put l’embarquer.
Une autre, madame Louis, déjà vieille, n’avait rien fait, mais ses enfants eux, s’étaient battus contre Versailles, elle avait tout laissé dire contre elle, à son jugement, s’imaginant que sa condamnation les sauvait ; elle le crut jusqu’à sa mort, arrivée en Calédonie, personne de nous n’osa jamais lui dire, que suivant toute probabilité, ses enfants étaient morts. Ils ne pouvaient, pensait-elle, lui donner de leurs nouvelles. Une autre, madame Rousseau Bruteau, que nous appelions : la Marquise, à cause de son profil régulier et jeune sous ses cheveux blancs, relevés comme au temps des coiffures poudrées, était là surtout, à cause de la similitude de nom, d’un de ses parents. Elle n’était certainement pas hostile à la Commune, mais elle devint beaucoup plus révolutionnaire après le voyage de Calédonie qu’elle ne l’était avant.
Madame Adèle Viard était dans les mêmes conditions, on la crut parente du membre de la Commune Viard, elle n’avait que soigné les blessés.
Élisabeth Retif, Suétens, Marchaix, Papavoine, commuées de la peine de mort aux travaux forcés, avaient uniquement soigné les blessés ; elles n’en allèrent pas moins toutes quatre à Cayenne, d’où Retif ne revint jamais.
Le mardi 24 août 1873, à six heures du matin, on nous appela pour le voyage de la déportation.
J’avais vu ma mère la veille, et remarqué pour la première fois que ses cheveux avaient blanchi, pauvre mère !
Elle avait encore deux de ses frères et deux de ses sœurs ; tous l’aimaient beaucoup, l’une de ses sœurs assez à son aise, devait la prendre avec elle. Beaucoup d’autres n’étaient pas aussi tranquilles que moi sur le