Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/363

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» Le phoque entrevu ce matin
M’a rappelé dans le lointain,
Le chauve Rouher aux mains grasses,
Et ces requins qu’on a pêchés
Semblaient des membres détachés
De la commission des grâces.

» Le jour, jour de grandes chaleurs,
Où l’on déploya les couleurs
De l’artimon à la misaine,
Je crus, dois-je m’en excuser,
Voir Versailles se pavoiser
Pour l’acquittement de Bazaine.

» Nous allons voir sur d’autres bords
Les faibles mangés par les forts.
Tout comme le prêchent nos codes
La loi, c’est malheur au vaincu.
J’en étais déjà convaincu
Avant d’aller aux antipodes.

» Nous avons, êtres imprudents,
Bravé bien d’autres coups de dents,
Car ceux dont la main s’est rougie
Dans les massacres de Karnak.
Donneraient au plus vieux Kanak
Des leçons d’anthropophagie.

» Ira-t-on comparer jamais
L’osage qui se fait des mets
Des corps morts trouvés dans les havres
A ces amis de feu César
Qui pour le moindre Balthazar
S’offrent trente mille cadavres.

» L’osage, on ne peut le nier,
Assouvit sur son prisonnier
Des fringales souvent fort vives.
Mais avant de le cuire à point,
Il lui procure un embonpoint
Qui fait honneur à ses convives.