Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/38

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Les volontés étaient si partagées qu’il y eut un moment où la foule moutonna, les vagues humaines montaient l’une sur l’autre formant entre elles de larges vides.

La tête basse, on rentra, toujours sous l’Empire ; quelques-uns songeaient à se tuer, puis ils réfléchirent que la multiplicité des crimes impériaux multiplierait aussi les occasions de délivrance.

Celle-là était bien belle, mais l’opinion la plus générale fut que l’égorgement eût résulté de cette tentative désespérée, toutes les forces impériales étant prêtes.

Varlin, brave autant que Delescluze, écrivit de sa prison que si la lutte eût été engagée ce jour-là, les plus ardents soldats de la révolution eussent péri et félicita Rochefort et Delescluze de s’être rangés à cet avis.

Pierre Bonaparte fut mis en jugement à Tours en juin 70, jugement de comédie, où fut rendu l’arrêt dérisoire de 25 000 francs d’indemnité à la famille de Victor Noir, ce qui ajoute encore à l’horreur du crime.

Plus que qui que ce soit, Rochefort fut mêlé à l’affaire Victor Noir ; c’est pourquoi son récit sera plus intéressant.

La brouille de Pierre Bonaparte avec la famille de Napoléon III n’était pas un secret. Badingue avait insulté son parent besoigneux, qui le suppliait d’acheter sa propriété de Corse et lui avait reproché l’illégitimité de ses enfants.

Pierre Bonaparte s’était vengé en insultant à l’alliance de son cousin avec mademoiselle de Montijo.

« Le monde politique, dit Rochefort, était parfaitement au courant de cette haine de famille et il (Pierre Bonaparte) en était presque devenu intéressant. Aussi fus-je très surpris de recevoir à mon journal La Marseillaise une lettre ainsi conçue :