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Chez nos aimables vainqueurs le plaisant se mêle au sévère ; les gens qui ont le plus travaillé depuis leur arrivée sont sur la liste des retranchés. Un déporté se trouve porté à la fois sur les deux listes.

Le journal officiel de Nouméa en fait preuve. Sur l’une, comme puni pour refus de travail, sur l’autre comme récompensé pour son travail.

Je passe une provocation faite à l’appel du soir quelques jours avant l’arrivée de M. de Pritzbuer. Un gardien connu pour son insolence menaçait les déportés, son revolver à la main, le plus profond mépris fit justice de cette provocation et de bien d’autres. Depuis MM. Aleyron et Hibourt cherchèrent à se justifier.

Il est probable que d’autres listes de retranchés vont faire suite à la première, et comme le travail n’existe pas, toutes les communications ayant été coupées depuis trop longtemps pour qu’on ait rien tenté, et, de plus le métier d’un certain nombre de déportés exigeant de premiers frais qu’il leur est impossible de faire, vous pouvez juger de la situation.

Dans tous les cas ces choses auront servi à dévoiler complètement jusqu’où peut descendre la haine des vainqueurs ; il n’est pas mauvais de le savoir, non pour les imiter, nous ne sommes ni des bourreaux ni des geôliers, mais pour connaître et publier les hauts faits du parti de l’ordre afin que sa première défaite soit définitive.

Au revoir, à bientôt peut-être si la situation exige que ceux qui ne tiennent pas à leur vie la risquent pour aller raconter là-bas les crimes de nos seigneurs et maîtres.

Louise Michel, no 1.

On comprendra sans peine d’après ces quelques faits, pourquoi à la demande de déposition qui me fut faite au retour, je répondis comme suit.