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L’administration de New Caledonia ne me parla jamais de ce projet surpris au moment de la réussite.

(Mémoires de Louise Michel de 304 à 313)

Soixante-neuf femmes de déportés étaient venues sur le transport le Fénelon partager courageusement la misère de leurs maris.

Quelques mariages eurent lieu à la presqu’île, Henri Place y épousa Marie Cailleux, jeune fille d’une grande douceur, qui vaillamment s’était battue aux barricades pendant les jours de mai.

Langlais avait épousé Élisabeth de Ghy. Les ménages de déportés étaient assez nombreux. Mesdames Dubos, Arnold, Pain, Dumoulin, Delaville, Leroux, Piffaut et plusieurs autres avaient refait à leurs mains une vie de famille ; des petits enfants grandissaient sous les niaoulis, plus heureux que ceux dont le seul asile avait été la maison de correction parce qu’ils étaient fils de fusillés.

Les déportés simples à l’île des Pins privés plus que nous de correspondances puisqu’ils étaient à vingt lieues en mer, sans autres communications possibles que lettres par l’administration.

Les uns devenaient fous comme Albert Grandier, rédacteur du Rappel, dont le crime était quelques articles ; les autres perdaient patience, devenaient irascibles. Quatre furent condamnés à mort et exécutés pour avoir frappé un de leurs délégués, l’un d’eux n’était que l’ami des autres, et n’avait pris part à rien.

On les fit passer devant leurs cercueils, ce qu’ils firent en souriant, délivrés de la vie.

Le peloton d’exécution tremblait, les condamnés durent rassurer les soldats.

Ils saluèrent les déportés et attendirent sans pâlir.

L’administration ne voulut pas rendre leurs cadavres. On peignit les poteaux en rouge et ils demeurè-