Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/43

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mon intention et mon habitude, n’ayant jamais fait traîner ces choses-là :

» Partons tout de suite.

» Il eût donc été contraint de répondre : Attendez, il faut d’abord que je cherche deux personnes décidées à m’assister.

» Ce qui, après ses bravades, eût été pour lui à la fois honteux et ridicule.

» Ma conviction, dès que l’événement se fut produit, se forma sans hésitation aucune ; il n’avait jamais voulu se battre avec moi et avait tout carrément décidé de me tuer pour rentrer dans les bonnes grâces de l’Empereur et surtout de l’Impératrice.

» Après le 4 septembre, un ancien serviteur du château des Tuileries me confia même, que non pas Napoléon III mais sa femme était au courant des projets de son cousin par alliance.

» Ce familier me nomma un autre membre de la famille qui avait servi d’intermédiaire entre l’Espagne et le prince corse. Toutefois, cette information, à la rigueur vraisemblable, n’ayant été corroborée par aucun autre témoignage ni preuve écrite, je n’y ai attaché qu’une importance minime.

» Vers cinq heures du soir je me disposais à quitter le Palais Bourbon pour aller me dégourdir un peu la main dans une salle d’armes, quand je reçus de Paschal Gousset ce télégramme :

» Victor Noir a reçu du prince Pierre Bonaparte un coup de revolver, il est mort.

» J’ignorais que ses témoins eussent devancé les miens à la maison d’Auteuil de sorte qu’au premier abord cette dépêche me parut inexplicable. C’est seulement aux bureaux de la Marseillaise où j’arrivai précipitamment que je connus en détail toutes les phases l’affaire.

» Victor Noir était un grand et fort jeune homme