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Les mélodieuses voix allemandes, toutes pleines de rêve, planèrent inconscientes sur le sang versé.

Napoléon III ne voulut pas des chances du désespoir, il se rendit et avec lui plus de quatre-vingt mille hommes, les armes, les drapeaux, cent mille chevaux, 650 pièces de canon.

L’Empire était fini et si profondément enseveli, que rien jamais n’en peut revenir.

L’homme de décembre aboutissant à l’homme de Sedan entraînait avec lui toute la dynastie.

C’en est fait désormais, on ne pourra jamais remuer que la cendre de la légende impériale.

Il semble, sur le vallon de Sedan, voir pareille à un vol de fantômes passer la fête impériale menée avec les dieux d’Offenbach par l’orchestre railleur de la Belle Hélène ; tandis que spectral monte l’océan des morts.

On a depuis attribué à Gallifet ce que fit Baufremont, pour diminuer l’inoubliable horreur de l’égorgement de Paris ; nous savons que Gallifet était à Sedan puisqu’il y ramassa le chapeau à plumes blanches de Margueritte, cela ne fait absolument rien, au sang dont il est couvert, et qui ne s’effacera jamais.

Les prisonniers de Sedan furent conduits en Allemagne.

Six mois après, la commission d’assainissement des champs de bataille fit déblayer les fossés dans lesquels à la hâte, les morts avaient été entassés. On versa sur eux de la poix et à l’aide de bois de mélèze on alluma un bûcher.

Sur les débris, pour que tout fût consumé, on jeta de la chaux vive.

Elle fut, ces années-là, la chaux vive, une terrible mangeuse d’hommes.


fin de la première partie