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que d’autres avaient tournée avant eux, que d’autres tourneront après.

Cette roue-là c’est le pouvoir écrasant éternellement les déshérités.


III

le 31 octobre

La confiance est morte au fond des cœurs farouche,
Homme, tu mens, soleil, cieux, vous mentez !
Soufflez, vents de la nuit, emportez, emportez
L’honneur et la vertu, cette sombre chimère.

(Victor Hugo.)


Les nouvelles des défaites, l’incroyable mystère dont le gouvernement avait voulu les couvrir, la résolution de ne jamais se rendre et la certitude qu’on se rendait en secret firent l’effet d’un courant glacé précipité dans un volcan en ignition. On respirait du feu, de la fumée ardente.

Paris, qui ne voulait ni se rendre ni être rendu et qui en avait assez des mensonges officiels, se leva.

Alors comme on criait au 4 septembre : Vive la République ! on cria au 31 octobre : Vive la Commune !

Ceux qui le 4 septembre s’étaient dirigés sur la chambre allèrent vers l’Hôtel-de-Ville ; parfois sur le chemin, on rencontrait quelque troupeau moutonnier, racontant que l’armée prussienne avait manqué être coupée en deux ou trois tronçons, je ne sais plus par qui ; ou bien déplorant que les officiers français n’eussent pas connu un petit chemin qui les eût menés droit au cœur de l’ennemi ; d’autres encore ajoutaient : Nous tenons toutes les routes. — Les trois tronçons, c’étaient trois armées allemandes et c’étaient elles qui tenaient toutes les routes.

Quelques gobeurs entraînés par des mouchards con-