Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/138

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un exemple très-complet de cette première manière. L’exécution de cette dorure laisse évidemment à désirer ; mais si nous avons choisi de préférence ce volume, c’est qu’il montre bien, par les différents fers employés, cette période de transition et de recherches, imparfaite ébauche d’un genre qui allait changer la décoration des livres. (Pl. IX.)

Le succès obtenu par les reliures royales l’enhardit, et il crée alors ces dorures à filets droits et courbes, aux coins pointillés, avec des milieux simples, trèfles ou étoiles, d’où s’élancent des gerbes de fers pointillés. Mais pour se donner un frein et rentrer dans ce qui était pour lui le classique, il exécute, à la même époque, ces volumes à l’aspect magistral où les entrelacs sont accompagnés seulement de quelques fers dix-septième siècle ; dans certains même, comme le Roman de la Rose, in-folio aux armes de Séguier (Bibliothèque nationale), il emploie encore, non-seulement les petits branchages, mais des fleurettes de Fanfares. Peu de temps après, il remplaça tous ces fers par des motifs de pointillés dans les compartiments et dans les fonds, sans toutefois les remplir. Nous en avons sous les yeux un exemple dans un in-quarto, les Charactères des Passions, Paris, 1640. Ce volume faisait partie de la collection Didot[1].

Arrivé à l’âge mûr, en pleine possession de son talent, il donne alors toute sa mesure ; les compartiments et les fonds sont entièrement couverts de pointillé ; les entrelacs apparaissent rouges, se détachant avec une étonnante vigueur sur ce fond d’étincelles : l’effet est merveilleux !

C’est à cette troisième manière qu’appartiennent l’Officium Beatæ Mariæ Virginis, de la Bibliothèque Mazarine ;

  1. Il a été acquis par MM. Morgand et Fatout.