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Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/165

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La plupart des dorures de le Gascon sont exécutées sur des maroquins rouges, d’un rouge spécial qui n’avait jusqu’alors été employé qu’à faire des chaussures, particularité qui a servi à accréditer l’opinion qu’il avait été doreur de bottes et d’écrins avant de s’occuper de reliure ; cela est possible, mais d’un médiocre intérêt. Le ton du rouge est, disons-nous, particulier, et les bottes de nos cheiks arabes, que nous avons pu voir à l’Exposition de 1878, sont encore de cette couleur ; mais des essais de reliures faites avec des maroquins du Maroc, rapportés il y a une dizaine d’années par un amateur, ont montré que si la teinture avait les mêmes qualités, il n’en était pas ainsi des peaux, qui étaient creuses et d’un fort mauvais usage.

Le Gascon eut un grand nombre d’imitateurs ; ses rivaux s’empressèrent de faire graver ses fers ; mais il ne suffit pas de posséder les outils d’un maître pour faire comme lui des chefs-d’œuvre : les mains inhabiles qui les manièrent et l’abus qu’en firent les doreurs de son temps amenèrent plus tard une réaction en faveur des fers du dix-septième siècle avec les relieurs de la seconde moitié du règne de Louis XIV.

Ces fers, procédant des mêmes principes, sont empruntés aux mêmes sources que les siens ; ils en sont seulement une expression différente. Une courbe dans un fer pointillé est rendue par une succession de perles ou points ; dans les fers du dix-septième siècle, par un trait. Leur complète analogie de forme permit de les mélanger quelquefois avec succès, et il ne faut pas rejeter comme des œuvres de décadence les livres où ils se trouvent réunis, à la condition que l’emploi en ait été rationnel, que les plus lourds, ceux qui montrent le plus d’or, servent de point de départ et de support