Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/170

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On peut dire que depuis la mort de ce grand artiste jusqu’à nos jours, on ne fit plus de reliures aussi importantes. Quelques années encore, et la personnalité orgueilleuse de Louis XIV aura tout absorbé ; il faudra à sa vanité les emblèmes de la royauté sous toutes les formes, ses fleurs de lis, son chiffre, sa couronne, son soleil ! Tout cela est en apparence très-riche, mais ne laisse pas beaucoup de place à la variété et à l’imagination.

Les grands suivirent avec ardeur le mauvais exemple du maître, et leurs armes prirent sur les plats une importance ridicule.

Le véritable bon goût se réfugia chez les amateurs, et les reliures que l’on attribue à tort à l’abbé de Seuil sont, quoique très-simples d’ornementation, d’excellents modèles à suivre. L’exagération du rôle joué dans la reliure par l’abbé de Seuil est une des plus jolies fantaisies écloses dans la poétique imagination de Ch. Nodier ; ces reliures dites à la de Seuil, le nom leur est resté, elles avaient été faites mille fois pour les volumes simples des bibliothèques de Mazarin, de Colbert, de Kinelm Digby, etc. ! Il est possible qu’un abbé de Seuil ait à ses moments perdus relié des livres ; mais le relieur de ce nom fut Augustin du Seuil ou Duseuil[1], qui appartient au dix-huitième siècle. Il épousa une fille de Philippe Padeloup[2] ; il ne peut donc pas être l’auteur de cette décoration, qui consiste en un double trois-filets sur les plats et un fleuron aux angles. Ajoutons que ce fleuron est toujours du dix-septième siècle. Ce fut également sous le règne de Louis XIV que s’exécutèrent ces

  1. Voir aux Notes.
  2. Voir aux Notes.