Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/178

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ont donné une reproduction polychrome par le procédé Danel de Lille. Véritable trésor au point de vue de la curiosité, cette reliure, que l’on peut avec beaucoup de vraisemblance attribuer à Padeloup (Nicolas), relieur de S. A. R. Mgr le duc d’Orléans, est bien supérieure aux mosaïques à répétition. Il y a encore là une sorte de recherche de dessin. Le cartouche, par son importance et sa forme, rappelle le dix-septième siècle ; les palmes en mosaïque des angles, malgré un rendu très-sommaire, semblent une interprétation des palmes du grand règne ; mais les fers du dix-septième siècle qui remplissent les rondelles et le petit culot pointillé de le Gascon, que l’on revoit sur cette couverture, montrent déjà cet amour du mélange de motifs empruntés à tous les styles, qui devait être si cher aux membres de cette famille de relieurs célèbre au dix-huitième siècle.

Voyez (pl. XV) la reproduction de cette curieuse reliure, aujourd’hui chez M. Ernest Quentin-Bauchart.

Mais il ne suffit pas, pour réussir, d’être plein d’intentions excellentes ; il faut avoir un fonds de connaissances sérieuses : ne joue pas les le Gascon qui veut, et Antoine-Michel Padeloup, qui semble avoir cherché à créer un style, n’a été en réalité qu’un compilateur.

Pour ses plus riches volumes, il pille le moyen âge en copiant des fonds de vitraux ; il prend à le Gascon ses pointillés, aux relieurs de Louis XIV des fleurons, des soleils. Ces emblèmes n’ayant plus de raison d’être, il en dénature la forme. Les dessins de fonds ont en reliure un défaut énorme ; ils ne font pas « cadre », et semblent découpés dans un morceau d’étoffe ; les fonds, qui sont d’un très-bon effet dans les reliures monastiques, ne sont là que