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et avec une plus grande élégance ; mais combien les derniers membres de sa famille sont loin des qualités de corps d’ouvrage de Nicolas et d’Antoine-Michel Padeloup !

Le nombre des amateurs avait augmenté rapidement ; grands seigneurs et financiers rivalisaient d’ardeur ; les dames elles-mêmes vinrent grossir la phalange des collectionneurs.

La comtesse de Verrue, qui ne se contentait pas d’être belle, mais était intelligente et lettrée, avait ouvert au commencement du dix-huitième siècle la série des femmes bibliophiles ; plus tard, la marquise de Pompadour fit richement relier les livres de sa bibliothèque. Passe encore pour celle-là, qui était réellement artiste ; mais la mode des livres devint bientôt chez les femmes une rage : la dernière favorite de Louis XV, la du Barry, qui savait à peine lire, eut une bibliothèque. Le catalogue existe à l’Arsenal ; il y est mentionné que les armes, gravées en petit et en grand, sont chez Redon (?), maître relieur, rue Chartière.

Ce qui a été relié de livres à cette époque est incalculable ; on recherchait plus le nombre que la qualité ; il fallait au parvenu de la veille une bibliothèque le lendemain, qu’il se gardait bien du reste de regarder ! C’était la mode, cela suffisait, et la dernière fille d’Opéra voulait avoir des livres, et en avait !

Aussi on organisa de grands ateliers de dorure où se firent dans la suite par milliers les almanachs royaux, pour lesquels Dubuisson[1] et les dessinateurs du temps inventèrent quelques plaques charmantes[2]. Plus tard, pour tirer les

  1. Voir aux Notes.
  2. Il semble pour ces plaques s’être inspiré souvent des modèles de Peyrotte.