Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/218

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siècle qui a inspiré toutes ces formes enroulées, élégantes et capricieuses que l’on retrouve encore de nos jours aux balcons et aux terrasses des maisons de cette époque. Comme toutes les jolies choses, ces dentelles furent promptement copiées par tous les relieurs de second ordre ; mais les fers des imitateurs sont moins bien gravés, et ils les mélangèrent aussitôt avec ceux qu’ils prirent aux deux Dubuisson.

Le dessinateur héraldique Pierre-Paul Dubuisson fut aussi relieur-doreur, et à la tête d’un des grands ateliers du temps ; la marque qui se trouve sur un volume de la bibliothèque de M. le baron de la Roche-Lacarelle (Daphnis et Chloé, in-4o, aux armes de madame de Pompadour) en fait foi. Mais n’eussions-nous pas eu cette preuve, il était facile de se rendre compte qu’il était l’auteur de la plus belle collection de fers du dix-huitième siècle, en examinant avec un peu d’attention les armes composées par lui et tirées sur un grand nombre de volumes. Les supports, les ornements qui les accompagnent se retrouvent dans ses fers ; même disposition, mêmes combinaisons, même rendu. Ses dentelles sont belles ; on peut en juger par la reproduction que nous donnons à la reliure d’un manuscrit que possède la Bibliothèque Mazarine : Instructions données à Lapeyrouse pour son voyage de découvertes autour du monde. Le maroquin de l’extérieur est vert, de ce ton un peu bleuâtre particulier au vert du dix-huitième siècle ; celui de l’intérieur est rouge, et la dentelle qui orne le contre-plat est aussi très-importante. Nous citerons encore l’exemplaire de la Gerusalemme liberata, Venise, 1745 ; in-folio aux armes de la reine Marie-Antoinette (France et Autriche), à la