Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/230

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ont contribué à rendre la reliure de la fin du dix-neuvième siècle non-seulement égale, mais supérieure à la reliure ancienne. Il a fallu soixante ans d’efforts continus pour la relever, mais elle est aujourd’hui plus florissante que jamais.

Qu’il nous soit cependant permis de dire, en terminant, que si l’exécution matérielle de la reliure et de la dorure est maintenant excellente, le côté artistique laisse encore beaucoup à désirer. Combien de doreurs actuels seraient devenus des artistes de premier ordre s’ils avaient pu faire de sérieuses études de dessin ! Le dessin est un langage, une langue écrite ; pour l’interpréter, le traduire, faut-il au moins le connaître, et nul ne devrait, à l’heure actuelle, en ignorer les premiers éléments.

Ce n’est pas à l’instant où vous cousez, endossez, rognez, couvrez un livre, que votre industrie s’élève à la hauteur d’un art. Non, c’est seulement par le dessin et son exécution que vous serez des artistes. Votre art est d’autant plus élevé, que la valeur de la matière première employée est nulle. Que retirerait-on du cuir dépouillé d’une reliure, de l’or qui scintille dans ces filets aux courbes capricieuses ? Rien, et cependant que de bijoux précieux nous ont légués les maîtres anciens ! Vous ne devez pas compter pour faire vivre vos œuvres sur le mérite littéraire de l’ouvrage (on jetterait au feu l’enveloppe pour conserver le trésor), mais sur le goût que vous aurez mis dans la composition de l’ornementation et l’habileté de main avec laquelle vous l’aurez rendue.

Les progrès extraordinaires réalisés chez les nations étrangères depuis quelques années sont dus aux intelligents sacri-