Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/27

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moment de le décorer, il aidera au bon résultat en faisant dans les bibliothèques publiques des recherches de modèles, ou, s’il est l’heureux propriétaire de belles reliures anciennes, en les confiant à son relieur, qui pourra les étudier à son aise pour les reproduire ou tout au moins s’en inspirer.

Il ne faudrait cependant pas pousser trop loin cette surveillance du travail et aller jusqu’à imiter un bibliophile connu, en envoyant dépêche sur dépêche à un artiste qu’il avait chargé de faire des dessins pour l’illustration d’un livre favori. « Je crois que le bras élevé ferait bien », disait la première missive. — « Décidément je préfère le bras plié et la main sur la poitrine », portait la seconde. Nous n’avons pas eu connaissance de la troisième ; mais que dire de la quatrième : « Mettez la main où vous savez » ! L’admirateur, le collectionneur des Contes de la Fontaine se révélait tout entier ; il venait de confier au télégraphe avec une légère variante le dernier vers de l’Anneau d’Hans Carvel !

Le modèle de décoration une fois choisi, il reste à l’exécuter. La première des qualités de la dorure est la rectitude, la correction de l’exécution, puis le brillant, la force et l’éclat de l’or.

Tous les fers employés sur un même plat doivent être également enfoncés ; mais quoi de plus contraire à la raison que de demander de la dorure également profonde dans tous les genres ? Autant les fers pleins des Aldes, tous les fers donnant beaucoup d’or, gagneront en aspect, en reflets, autant les fers légers deviendront pâteux et lourds. Que demande-t-on d’abord à l’épreuve d’une gravure ? De la netteté. Soyons logiques, et ayons en dorure la même appréciation. Le Gascon enfonçait-il, lui, le délicat par