Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/48

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manuscrit ayant appartenu à Charles-Quint, relié au seizième siècle dans le style des plus beaux Grolier italiens ; le premier plat porte les deux colonnes et la devise du grand rival de François Ier.

Les ais de bois sont, à partir de cette époque, abandonnés — excepté pour les grands formats — aux livres religieux[1]. Les cartons qui les remplacent sont formés de feuilles de papier collées entre elles. Cette fabrication toute primitive a donné des plats sans résistance et dévoré une quantité incalculable de pièces gothiques, dont quelques-unes ont été parfois retrouvées intactes, complètes dans un seul de ces cartons.

On s’explique difficilement pourquoi les volumes de cette époque ont un aussi grand nombre de nerfs, six, sept, quelquefois davantage, sur les petits comme sur les grands formats. En général très-gros, ces nerfs ne laissaient plus de place pour une décoration quelconque ; aussi, quand la réaction se fit contre cet abus des nervures, on tomba dans l’excès contraire, dans le seul but de mettre en rapport la richesse du dos avec celle des plats. À partir de Henri II, les plus importantes reliures du seizième siècle seront sans nerfs apparents.

Nous donnons la reproduction d’un des plus beaux volumes de François Ier : la Bible de Robert Estienne, en latin. Les deux parties portent

  1. Nous avons entre les mains une Bible de Richelieu du milieu du dix-septième siècle, qui possède encore des ais de bois, bien que le volume soit du plus petit format ; le corps d’ouvrage en est très-remarquable.