Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous ne croyons pas que ce fer lui ait appartenu en propre ; il était probablement confié alternativement à différents doreurs pour les reliures du Roi[1].

Nous le revoyons en effet, sous Charles IX, tiré par un mauvais doreur sur le Pierre Paschal, Henrici Galliarum Regis elogium. Paris, 1560. In-fol. La bande du bord de ce volume veut imiter une exécution à filets : c’est une tricherie indigne ; elle est poussée à l’aide d’un fer que ce profane ne peut arriver à raccorder ; puis, ne sachant comment se tirer des angles, il les rompt avec de vieux clous italiens « plein or ». Des fers italiens en France sous Charles IX ! Du reste, cet artisan de dixième ordre avait déjà réemployé pour la jeune Marie Stuart les bandes italiennes.

La Notice de la Bibliothèque nationale, à la suite de la description de ce volume et la reproduction de l’inscription qui couvre une partie du plat, choisit cet instant pour dire que Claude Piqué[2], nouvellement découvert par un de nos confrères, fut le relieur de Charles IX. Pour la première fois qu’on le cite, ce pauvre Claude Piqué n’a pas de bonheur, et voilà le nom du filleul de notre honorable confrère accolé pour toujours à une œuvre bien mauvaise, dont il n’est peut-être pas le coupable. Au reste, la Notice ne dit pas que Claude Piqué soit l’auteur de cette reliure ; elle dit seulement qu’il était relieur de Charles IX. On ne saurait avoir trop de prudence en citant des noms de relieurs. Revenons à notre grand maître inconnu.

Les dos, cet écueil des doreurs vulgaires, sont traités

  1. Nous avons depuis retrouvé ce fer, déjà employé sous le règne de François Ier, sur une reliure où il entoure les armes et l’emblème de la salamandre. Cette découverte est venue confirmer notre supposition.
  2. Voir aux Notes.