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LA MISÈRE

LA MISÉKE 325 comte, M. de Bergonne ne songe pas à ma fille. C’est un gentilhomme demeuré noble et qui oblige noblement un inconnu dans le malheur. Voilà tout. » — » Un inconnu ! Mais vous avez donc perdu l’esprit, monsieur le comte, pour supposer que M. Gustave ne vous connaît pas ! » «  «  Dame Tu comprends, moi, je ne l’ai jamais vu. » Comment ! vous n’avez pas remarqué ce joli chasseur qui, depuis plus de six mois, vient trois fois par semaine, loger au Petit-Chapeau ? » « < Un noirot ? » > « < « < «  1 Oui ! mais très gentil tout de même. » Comment, c’est là M. de Bergonne ? Lui-même. >> » Et il ne s’est pas fait présenter chez nous ? >> Il n’a jamais osé parler à d’autres qu’à moi, et toujours en me recommandant le secret. S’il avait eu plus de hardiesse, il y a longtemps qu’il vous aurait dit combien il aime mademoiselle et quel désir il a de l’épouser. » Si les rêveries de Nanette étaient vraies, » demanda le comte, « consentirais-tu à payer ma dette de ton amour et de ta main ? >> « Valentine se jeta dans les bras de son père. Le comte prit son silence pour un consentement. » CHAPITRE XXXV LA COMMUNE MODÈLE << Sur une des roches de porphyre que l’Allier baigne, entre Issoire et les Martres, on voyait autrefois quelques chétives cabanes sur les flancs plissés et tondus du Mont-au-Diable. » « C’était Saint-Bernard, dont la misère était proverbiale et dont les habitants étaient, par conséquent, redoutés autant que méprisés de toute la basse Auvergne. » « Un magnifique château Louis XV dressait à mi-côte ses élégantes tourelles et englobait dans ses vastes dépendances toutes les terres labourables de la commune. » « C’est là qu’après le classique voyage de noces, Gustave conduisit Valentine. » << Les deux époux y trouvèrent réunis et établis, selon leurs intentions, Lucy, Artona et le vieux précepteur des deux jeunes gens, l’abbé Donizon. « M. le marquis de Bergonne et sa femme arrivaient l’âme et la tête pleines de grands projets. Il ne s’agissait de rien moins que de la fondation d’une commune modèle et de la transformation intégrale du village, où les ancêtres de Gustave, où sa famille avaient passé leur vie, dans la plus profonde indifférence des intérêts de leur prochain. » > « C’est l’abbé qui, le premier, avait eu l’idée de cette grande entreprise. » « Une nuit qu’il revenait de Clermont, il avait été arrêté à un quart de lieue