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LA MISÈRE

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⚫rait de Mme Helmina et du vicomte d’Espailhac, après la folie du vicomte de « Méria, folie explicable par l’hérédité, et dont sa sœur avait été récemment « < atteinte, il était odieux de recommencer des attaques calomnieuses, contre des « personnes mortes, absentes, ou hors d’état de répondre, cela dépassait les « bornes ordinaires de l’impiété. » > On se sépara sous l’impression de cet article. Eh bien ! dit le prince Mathias à sa femme, aussitôt que les portes du grand salon furent refermées, comprend-on cette fatalité ? Eh bien ! répéta Helmina, il n’y a que les morts qui ne parlent plus. — J’y songeais, dit Nicolas en frémissant. De son côté, Claude Plumet, rentré chez lui, eut à combattre une attaque de nerfs du petit, qui le mettait dans une grande perplexité : on pouvait entendre ! Maman, maman ! criait l’enfant, tandis que Claude Plumet cherchait à le calmer, par tous les moyens possibles et impossibles, menaces, promesses, raisonnement, tout était inutile. Enfin, des torrents de larmes soulagèrent le petit malheureux ; il s’endormit. XCVI LES MINES DE SIBÉRIE A quelques jours de là, Annah reçut une lettre de Saint-Pétersbourg. Venez, lui disait-on ; et la marque du comité nihiliste, et l’écriture qu’elle connaissait, laissaient si peu de doute qu’elle n’hésita pas. Annah obéissait sans s’inquiéter pourquoi, car, une seule raison pouvait la faire appeler, c’est que son tour était venu de se dévouer et de mourir. Petrowski reçut une lettre semblable, et comme Annah, il n’hésita pas. Mon pauvre Kerouen, dit Annah au brave jeune homme qui était parvenu près d’elle, à travers tant de difficultés, ce n’est plus moi qui dois protéger notre pauvre Claire, c’est vous. « < Et non seulement je vous la confie, mais encore les deux pauvres enfants que j’avais adoptées. Veillez sur elles comme sur vos sœurs. Kerouen écoutait, ne faisant pas plus d’objections à ce que lui demandait Annah, qu’elle n’en avait fait au comité exécutif. Annah continua. Vous trouverez, il le faut, n’importe où elle soit, Me Rousserand, la femme de ce misérable dont je vous ai parlé, à propos d’une famille perdue par lui ; vous lui donnerez les deux pauvres petites ; protégez aussi Claire Marcel, je connais son dévouement. Pour vous aider dans vos démarches je vais vous indiquer un ami, dont les idées sont loin encore des nôtres, mais qui, comme Mme Rousserand, est un bon et digne caractère. Elle lui remit l’adresse de M. Marcelin avec ces mots : « Pardonnez-moi, si voulant vous éviter une peine vous avez pu croire que