Page:Michel - Prise de possession.djvu/20

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tend et le temps relativement court où les leçons de choses ont porté leurs fruits, demain peut-être, les fléaux qui s’ajoutent à nos misères feront déborder la coupe.

Des épidémies venues soit de la misère profonde et noire, soit de leur source ordinaire, l’Asie, peut être du sang des hécatombes non encore séché emplissant l’air de miasmes mortels, peuvent par la désolation qu’elles répandent, accélérer la fin.

La peste comme la grève peut jeter le linceul sur le vieux monde.

Que les villes soient muettes, sans travail, sans lumière, sans vie par la grève générale, ou que la mort les couve sous ses ailes, la transformation ne se fera pas moins.

Ceux qui dorment sous les ponts dans leurs sordides guenilles ne seront pas la proie des pertes sans monter, ne fut-ce qu’une nuit aux Élysées, dormir leur dernier sommeil rêvant de la sociale, la marianne des ainés. Vous savez le refrain :

 Va, va Marianne,
La torche à la main,
Sonne le tocsin.

Ce ne seraient pas les palais qui flamberaient mais les bouges infects et hideux afin que jamais plus, nul n’habite ces tanières indignes de l’humanité.


Toute éocène a sa période héroïque — les héros des légendes du temps qui va s’ouvrir, sont des peuples et non des hommes.

L’homme passe par des transformations semblables à celles des sociétés ; molécule de l’infini, il sent enfin qu’il est en rapport avec tout ce qui influe sur lui, astres, choses, êtres, et de plus en plus s’étend l’intelligence sans fin comme le progrès.

Nous parlions des légendes, elles sont plutôt l’âme de leurs époques qu’elles n’en sont l’histoire.