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Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/104

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vaste, à rideaux blancs et rouges, était meublée, en dehors du lit et des chaises, d’une commode et d’un petit secrétaire. Charlotte était lasse et souhaitait de s’étendre. Elle pria toutefois le garçon d’hôtel de lui acheter du papier, des plumes, de l’encre. Puis, tandis qu’il préparait le lit, elle lui demanda ce qu’on pensait de Marat à Paris. Il lui répondit que les aristocrates le détestaient, mais qu’il passait aux yeux des patriotes pour un bon citoyen. Elle eut un ironique sourire.

Mais, tout en continuant sa besogne, cet homme déplora que Marat fût éloigné de la Convention et retenu chez lui par la maladie depuis de longues semaines.

Il ne se doutait guerre de la portée de ses paroles. Quelle révélation… Charlotte s’apercevait que, depuis le 31 mai, elle avait cessé de suivre Marat, d’épier ses gestes et ses paroles. Pour elle, à partir de cette date, il était jugé. L’arrivée des Girondins à Caen, la préparation de son projet, l’avaient absorbée tout entière. Elle ignorait la maladie de Marat, son éloignement de l’Assemblée. Désormais, elle ne pouvait plus suivre le chemin qu’elle s’était tracé : frapper Marat en pleine Convention ; y périr à son tour, massacrée par la foule des