Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/148

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si longtemps, qu’il faut m’excuser de vous avoir manqué de parole. »

À ce moment, un prêtre s’avança vers elle, l’abbé Lothringer, l’un des trois ecclésiastiques chargés d’assister les condamnés. Il lui offrit ses offices. Pendant le procès même, Charlotte avait eu l’occasion de faire connaître son opinion religieuse. Le président Montané lui demandant si elle allait d’ordinaire se confesser à un prêtre assermenté ou à un prêtre réfractaire, elle avait répondu qu’elle n’allait ni aux uns ni aux autres, car elle n’avait pas de confesseur. Elle repoussa donc doucement l’offre de l’abbé : « Remerciez ceux qui ont eu l’attention de vous envoyer. Je leur en sais gré, mais je n’ai pas besoin de votre ministère. »

À peine avait-elle réintégré sa cellule, le concierge Richard lui annonça qu’un peintre venait faire son portrait. Elle l’attendait. Elle l’avait remarqué à l’audience où il avait ébauché sa toile. Elle s’était félicitée que le Comité de Sûreté générale exauçât, même tardivement, son vœu. Et, le procès terminé, elle avait souhaité tout haut que l’artiste vint achever son œuvre dans sa cellule.

Le peintre se présenta. Il se nommait Jean-