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dessinateurs et des peintres s’en emparèrent : presque après cent ans, au seul Salon de 1880, ne vit-on pas quatre Charlotte Corday ? Elle parut sur toutes les scènes du monde : en un siècle, elle inspira quarante pièces, presque autant que Jeanne d’Arc en cinq siècles. La mode même lui paya son tribut : on porta des bonnets à la Charlotte Corday ; des femmes adoptèrent le châle rouge, en souvenir de cette chemise rouge qu’on avait vue, toute trempée par l’orage, épouser « le corps modeste et voluptueux de Charlotte Corday ».

Mais les louanges les plus touchantes restent celles de ces hommes qui l’applaudirent sous la menace de la mort.

Qui ne connaît l’Ode à Charlotte Corday d’André Chénier ? Lui aussi avait salué d’enthousiasme l’aurore de la Révolution. Dans son poème le Jeu de Paume, il avait célébré le solennel serment :

Ô jour ! Jour triomphant ! Jour saint ! Jour immortel !
Jour le plus beau qu’ait fait luire le ciel…

Puis, comme Charlotte, il avait souffert de