Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/43

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permettait à la Constituante d’organiser en paix la liberté, avait cessé au moment même où Charlotte s’installait rue Saint-Jean. La fuite du roi, son arrestation à Varennes, en marquèrent la fin.

Ces deux nouvelles parvinrent à Caen le 23 et le 25 juin 1791. Elles y retentirent profondément. Elles réveillèrent les excès, les fièvres du début de la Révolution. De nouveau, les hommes et les femmes furent contraints d’arborer dans la rue la cocarde tricolore. Dans les campagnes, les paysans pillaient les châteaux, dont les habitants durent se réfugier à la ville.

À Caen même, on vivait dans une atmosphère agitée : tambours battant la générale, cloches sonnant en fête ou jetant le tocsin, salves d’artillerie, canon d’alarme. Le soir, la ville s’embrasait de feux de joie, d’illuminations plus ou moins imposées aux citadins. Les troubles étaient surtout provoqués par l’application de la nouvelle loi sur le clergé. Les prêtres constitutionnels, qui avaient accepté le serment, et les prêtres réfractaires, qui l’avaient refusé, gardaient les uns et les autres leurs fidèles. Et ces deux partis se heurtaient sans cesse.