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Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/53

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sacres, ce Marat les avait réclamés dans son journal l’Ami du Peuple. Il avait écrit « que le parti le plus sage serait de se porter en armes à l’Abbaye, d’en arracher les traîtres… et de les passer au fil de l’épée. »

Elle le savait. Cette circulaire de la Commune, qui pressait la province d’imiter Paris et d’étendre ainsi le massacre à toute la France, elle était inspirée par Marat, signée par Marat.

Comment eût-elle ignoré ces textes ? Ne lisait-elle pas une demi-douzaine de journaux politiques, la Gazette de Perlet et celle de l’abbé Poncelin, le Courrier de Husson et celui de Gorsas, le Patriote de Brissot ? N’avait-elle pas toujours ses informateurs ?

Il est vrai qu’en ce mois de septembre 1792, Gustave Doulcet, nommé député à la Convention, s’apprêtait à partir pour Paris ; mais elle gardait son ami Bougon-Longrais, qui succédait à l’infortuné Bayeux comme procureur-général-syndic et qui, de ce poste, suivrait de plus près que jamais les événements. Enfin, près d’elle, dans l’ombre, veillait le fidèle Augustin Leclerc, actif, agile, aux aguets. Tous deux nourrissaient les mêmes espoirs et déploraient les mêmes violences. Ils exécraient les