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et Lise, Yvette et Claude, une histoire de leur « cousine ». Je dois dire aussi que les circonstances m’ont conduit récemment à écrire deux essais biographiques et que la pensée me séduit de compléter le triptyque : j’avais été l’ami d’Anatole France pendant ses douze dernières années et je crus devoir fixer après sa mort, sous la forme durable du livre, l’essentiel de ce que je savais de lui, par lui ; peu après, on m’offrit d’écrire pour une collection la vie sentimentale d’un personnage célèbre et je choisis Diderot, que j’aimais et que j’admirais entre tous.

Mais, cette fois-ci, l’entreprise était particulièrement délicate. Je m’aperçus vite qu’elle m’amenait à mûrir, à affirmer mon opinion sur des sujets importants, comme la violence révolutionnaire, l’influence cornélienne, le droit de tuer. Et je dus aussi refeuilleter toute la documentation de mes romans physiologiques, afin d’examiner, aux faibles clartés de la science, cette incroyable aventure : comment une jeune fille, douce et bonne, discrète et cultivée, qui n’avait jamais quitté sa province, avait-elle pu se laisser envahir, subjuguer et pousser droit au but, par l’idée fixe d’aller tuer à Paris l’Ami du peuple ?