Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/64

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sincère. De plus, il est désintéressé. Qu’importe ? Il est néfaste.

Et puis, l’impardonnable, pour la jeune fille, c’est l’incessant appel à la tuerie. Oh ! évidemment, il s’efforce de le justifier. Plus la Révolution s’achèvera vite, plus vite reviendront la sécurité, le bonheur. « Le fer et la torche à la main, il faut hâter les événements… Nous versons du sang pour qu’on n’en verse plus. » Éternel refrain dont on berce les hommes pour les tenir en guerre !

Le temps est loin déjà où, dans l’allégresse des Fêtes de la Fédération, Marat jetait son cri discordant et réclamait cinq cents têtes. En septembre 92, au Conseil de la Commune, il déclare qu’il faut en abattre quarante mille pour assurer la tranquillité publique. Six semaines plus tard, il écrit dans son journal : « Jamais la machine ne marchera que le peuple n’ait fait justice de deux cent mille scélérats. »

Ainsi, ses démentes exigences grandissent avec le temps. Où s’arrêtera-t-il ? Décidément, c’est lui qui entretient, qui prolonge le trouble. Il est le mal. Il est la haine. Il est la guerre. Lui disparu, la Paix refleurirait.