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Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/66

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L’abbé Gombault, ancien curé de Saint-Gilles, fut arrêté le 3, près de la Délivrande. Un tribunal, composé d’officiers de la garde nationale, le jugea sur-le-champ. Plusieurs d’entre eux prirent la défense de l’accusé : la loi, applicable huit jours après sa publication, n’était enregistrée que de la veille et n’était même pas encore affichée. Néanmoins, après de pénibles pourparlers, l’ancien curé de Saint-Gilles fut condamné à mort. Le 5, sur la place Saint-Gilles, la guillotine fut dressée.

La machine nouvelle inspirait encore une ignoble curiosité. Adoptée par la Législative en mars 92, elle avait fonctionné pour la première fois à Caen en novembre de la même année, dans des circonstances particulièrement atroces. Dans le faubourg de Vauxcelles, les époux Delorme, au cours d’une rixe, avaient tué leur voisin ivre. La populace réclama leur jugement sans délai. Et dès qu’ils furent condamnés à mort, elle exigea l’exécution immédiate. Dans son impatience de voir fonctionner la guillotine, elle contraignit le bourreau, malgré sa résistance, à monter sa machine. Elle força un coutelier à en aiguiser le tranchant. En vain, le tribunal objectait que les époux Delorme s’étaient pourvus en