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Charlotte Corday


CHAPITRE PREMIER

L’ABBAYE-AUX-DAMES


En cet été 1789, qui devait marquer si profondément dans sa vie, Charlotte Corday venait juste d’atteindre ses vingt et un ans. Sa jeunesse achevait d’éclore. C’est l’instant de la peindre. On pourrait l’évoquer en deux mots : la Normande. Grande, le buste généreux, le teint éblouissant, les traits solides et fins, elle apparaissait comme l’allégorie même de cette terre qui, depuis huit siècles, avait nourri ses ancêtres.

Tout son pays se reflétait en elle. Son visage avait le frais éclat de la fleur du pommier, qui unit par d’insensibles nuances la blancheur du lait à la rougeur du sang. Sous le voile des