Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/101

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rangs et se disposent à marcher sur Paris, afin de manifester devant la Chambre ; on laisse les sacs ; on vide même les bidons, afin d’éviter les cas d’ivresse ; on n’emporte que les grenades et les mitrailleuses ; mais la cavalerie en eut encore raison. Dans Soissons, toute une division est chambrée sous la menace des balles. Ce ne sont là que des vues isolées. Elles laissent deviner l’ampleur d’un soulèvement qui paraît-il, s’apaise.

Le fils Foucard, qui revient du front, et dont la lucidité froide résiste à « l’esprit de guerre », m’expliquait aujourd’hui les causes multiples de mécontentement. En voici la liste, d’après lui : l’intervalle des permissions, souvent allongé bien au delà des quatre mois réglementaires ; les trop longues présences en première ligne après les attaques ; les « repos », remplis d’exercices fastidieux, de marches brisantes, ramenés à la vie de caserne : la vaine et coûteuse affaire du 16 avril dernier ; le rejet des propositions de paix de l’Allemagne du 12 décembre 1916 ; l’interdiction de la conférence de Stockholm.