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Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/167

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jeune Russie, des socialistes ont tenté d’aller à Pétrograd. On leur a refusé leurs passeports. On les leur avait déjà refusés récemment, lorsqu’ils avaient voulu se rendre en Russie afin d’empêcher la paix séparée. Aujourd’hui, à la Chambre, le Ministre des Affaires Étrangères, Pichon, a voulu justifier cette intransigeance. Il a ressorti ce vieil argument, si singulier : « Il serait indécent que des Français et des Allemands fussent face à face tant que ces derniers envahissent notre territoire. » Si la guerre de tranchées s’était installée sur le sol allemand, n’aurait-il pas tenu le même langage ? Il a avoué sa crainte farouche d’être entraîné vers une paix générale et déclaré que les révolutionnaires russes étaient les ennemis de la France. Une majorité frénétique, belliqueuse, moussait d’enthousiasme : « Oui, vaincre, vaincre… Gagner la guerre… Victoire par les armes… La parole au canon… »

Ah ! que cette folie collective sert donc bien les convoitises en profondeur des maîtres cachés de la guerre, de ceux qui attendent l’heure des gisements !

Déjà, les conséquences apparaissent de cette rigueur à l’endroit de la Russie. Le gouvernement russe avait demandé aux alliés d’assister