Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/20

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« Cependant, en face, chez le voisin, un autre porche se dresse, tout pareil. Et dans la nef opposée, les mêmes mains invisibles déchaînent les mêmes rafales sonores, les mêmes choristes les accompagnent des mêmes hymnes, et la foule agenouillée frémit des mêmes instincts.

« Alors, les deux clameurs, l’une par l’autre stimulées, s’efforcent de se dépasser et de se couvrir. Les grandes voix de métal hurlent et grondent, en roulements de tonnerre et de canon. Les chants montent et s’achèvent en cris. Et quand les deux foules, fanatisées, éblouies, se ruent au grand jour du parvis, tant pis si elles se cognent… »

Désormais, les notes de Mme  Ciboure montrent qu’elle est obsédée de cette pensée effroyable : « Des deux côtés de la frontière, des hommes comme mon mari auraient amené la guerre. »

Mais bientôt, une préoccupation plus directe encore l’assaille. On décide d’appeler la classe 17. Mme  Ciboure s’alarme : le tour de son fils va venir. Il appartient à la classe 18. Et elle ne garde plus qu’un espoir : la paix.

Sur ces entrefaites, Paron rentre de voyage. Heureux d’avoir libéré sa conscience, il justifie ses hésitations, ses scrupules. Tous deux s’expliquent cœur à cœur. Il conte comment s’est fixée