le plus souvent dans des champs. La défense aérienne de Paris imagina qu’ils étaient lancés par des avions camouflés à la couleur du ciel. Elle les chercha vainement. Un de ces projectiles d’essai aurait provoqué l’explosion de la Courneuve.
On répugne aux mesures de protection, analogues à celles qui furent prises à Dunkerque, lors du bombardement à longue portée. À chacune d’elles, on oppose un inconvénient. On pourrait avertir la ville dès le coup parti. Car le formidable voyage du projectile, qui monte, dit-on, à 16.000 mètres, dure trois minutes. Mais cette alerte provoquerait, par exemple dans les grands magasins, des paniques plus meurtrières que l’obus. Évacuer les hôpitaux de la zone dangereuse ? Mais telle région, épargnée aujourd’hui, peut être battue demain. Prolonger pour les écoles les congés de Pâques ? Les études en seraient perturbées. Indiquer dans chaque rue les trottoirs abrités ? On ne les suivrait pas.
Que chacun s’arrange. Aussi voit-on des femmes étudier gravement le plan de Paris, repérer les points de chute et se promettre d’éviter leur voisinage. Mais qu’un essayage les réclame dans ces quartiers périlleux, et les sages résolutions s’envolent.