Un journal à gros tirage raille copieusement les Allemands qui viennent de donner les noms de huit de leurs généraux aux huit tours d’un vieux burg. À la colonne suivante, une seconde note juxtaposée à la première : « Les Américains viennent de donner le nom de huit généraux français à huit pics des Montagnes Rocheuses. »
Toujours l’antagonisme entre les peuples et leurs maîtres. Dans les usines de guerre de la banlieue parisienne, des grèves ont éclaté, voici dix jours. Elles s’apaisent aujourd’hui. Les journaux n’en ont pas parlé. N’est-ce pas un signe du temps où nous vivons : cent mille hommes ont quitté le travail aux portes de Paris, et Paris l’ignorait ? Ces grèves ne visaient pas un relèvement de salaires. Elles entendaient protester contre l’échec des offres de paix séparée de l’Autriche en 1917, et surtout obtenir la publication des buts de guerre. Avant-hier, Clemenceau reçut les délégués syndicaux : « Vos buts de guerre diffèrent de ceux de Wilson, dirent-