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21 mai 1918.

Et les condamnations de pleuvoir.

Un soldat du front est condamné à la prison pour avoir dit que ceux qui s’enrichissent dans la guerre veulent la continuer.

Un coiffeur, mobilisé, a dit : « L’affaire Caillaux est de tendance politique. On arrête les hommes capables de faire la paix. Les jusqu’au-boutistes ne vont pas au front. Sans quoi, la guerre serait finie depuis longtemps. » Mille francs d’amende et un an de prison, sans sursis.

Un chauffeur est condamné à quinze jours de prison pour avoir dit : « Les dégâts sont affreux », devant une maison bombardée. « Attendu, dit le jugement, que cette expression constitue une information sur les opérations militaires et qu’elle est de nature à influencer l’esprit des populations. »

N’oublions pas qu’au début de la guerre une femme fut condamnée pour avoir dit : « La guerre durera trois ans. »

Mais comment connaître l’opinion vraie d’un peuple qui vit sous une telle terreur ?