Aller au contenu

Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ennemis. Aussi un journal a-t-il baptisé dédaigneusement l’alerte : « L’heure où les saucisses montent et où les andouilles descendent ». Les andouilles, se sont les gens qui s’abritent dans les caves. La plaisanterie témoigne donc d’autant de bravoure que d’esprit. Seulement, l’autre soir, aux Gobelins, une bombe a tué quatorze personnes en pleine rue. Sans la crainte de passer pour des andouilles, elles vivraient encore.

D’ailleurs nous marchons la tête à l’envers. Les mêmes gens qui négligent de s’abriter des bombes sous une voûte, se protègent contre elles en portant en pendentif deux figurines de laine appelées Nénette et Rintintin.

Comme excès de plume, je relève encore ce trait, à propos de l’offensive. Un ciel splendide favorisa les Allemands. Un jour, le temps se couvrit. L’attaque en fut ralentie. Un journal imprima, en caractères d’affiche : « Le soleil lui-même est leur ennemi. »

Enfin, la fanfaronnade verse parfois dans l’inconscience. Méditez cette phrase : « Cette nuit, les avions ennemis, poursuivant leur misérable besogne, n’ont fait qu’un homicide. Espérons que les avions alliés auront mieux travaillé sur Trèves. »