hommes qui, se menaçant par-dessus les frontières, ont allumé la guerre au choc de leurs intérêts ? Et il lui apparaît monstrueux, hors nature, qu’un de ceux qui ont mis le feu au bûcher y puisse pousser prématurément son enfant.
« Hélas ! Ces féodaux de toutes races ne se soupçonnent pas d’un crime. Ils n’en ont pas conscience. Si on leur criait que leurs âpres rivalités ont embrasé le monde, ils éclateraient de rire. Ils se retrancheraient vite derrière les grands responsables officiels, ceux qu’on dénonce à la tribune et dans la presse. »
Le lendemain, elle écrit :
« J’ai été chercher Pierre à la gare. Dans l’auto, je lui ai dit l’intention de René. J’ai voulu lui montrer la folie de devancer sa classe, qui ne sera peut-être pas appelée avant la fin de la guerre. Pierre a-t-il voulu masquer de brusquerie son émotion ? Chez lui, l’orgueil l’a-t-il tout de suite emporté sur l’inquiétude ? A-t-il été sincère ? Il m’a interrompue :
« — Allons, allons. Nos buts de guerre ne peuvent pas être atteints avant deux ans. Le petit a raison de vouloir s’engager. Il partirait en tout cas. Et cela lui permettra de choisir son arme.
« J’ai eu sur les lèvres : « Quels buts ? Pour-