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homme, pour donner plus de poids à ses paroles, invita toutes les personnes présentes à déjeuner à Bruxelles, au début d’octobre…

22 août 1918.

Si cet homme avait dit vrai, l’autre soir ?… Pourtant, ces lentes réoccupations, qui durent depuis plus d’un mois, coûtent si cher, si cher. Pas de jour où ne soit atteinte une famille jusqu’alors épargnée. D’innombrables convois de blessés sont dirigés, la nuit, sur les hôpitaux de Paris.

Mais nul ne déplore les pertes. On les ignore. L’inconscience, l’insensibilité, se durcissent encore. On est hypnotisé par les communiqués flamboyants. Fouettés par la presse, grisés de gloire écrite, les plus modérés deviennent intraitables, les plus doux exigent une lutte sans merci. Ceux-là même qui proclamaient la faillite des armées sont mordus par le démon, repris par le jeu féroce de la guerre.

Tout le monde est stratège. Le matin, dans la rue, les ménagères s’abordent, le journal à la