Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/262

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Et voici qu’un chroniqueur suggère d’apposer des plaques commémoratives sur toutes les maisons bombardées de Paris. Mais alors, Carlsruhe, Trèves, Mannheim, Cologne, Sarrebruck, Francfort, vont également apposer des plaques ? C’est donc un parti-pris de perpétuer les haines ? Et ces gens-là prétendent assurer, par la guerre actuelle, le salut des générations futures !

3 septembre 1918

André Mitry est tué. Un fils unique, adoré, la raison de vivre de ses malheureux parents. Nulle consolation possible. Ma présence même offenserait leur douleur : mon fils vit ; il est près de moi. André Mitry est tombé devant Noyon, ce Noyon cinq fois pris et repris depuis 1914, dans le flux et le reflux des peuples en armes. Tous les jours, on apprend autour de soi des morts de soldats. Si cette tuerie continue, il n’en restera plus. C’est une frénésie déchaînée, des pertes sans nom, des massacres sans exemple. Voir cela… Tous les instincts lâchés, comme une monstrueuse déjection… Convoitises indus-