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Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/269

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d’espoir. Avant hier, l’Autriche a demandé officiellement la paix. Je me rappelais la tentative de Sixte de Bourbon en 1917, les consciences troublées par cette révélation tardive, la forte minorité qui désapprouva rétrospectivement le cabinet Ribot d’avoir rejeté ces offres. Peut-être la leçon porterait-elle ses fruits ?

Mais j’oubliais que la retraite allemande, si chèrement talonnée, bouleverse les cervelles. Naguère, on repoussait la paix parce qu’on n’était pas vainqueur. Aujourd’hui, on la repousse parce qu’on n’est pas assez vainqueur. Nos maîtres savent toujours suggérer des raisons de prolonger la guerre jusqu’à leurs vastes buts. La presse marche comme un seul homme de guerre : « La parole est à nos sublimes soldats… L’heure des diplomates sonnera après celle du canon. » La foule avale ces formules, les mâche, et les recrache, envenimées : « On leur en foutra des pourparlers… On ne peut pas causer avec ces salauds-là. » Clemenceau, devant le Sénat érigé, a récité la Marseillaise et déclaré qu’il réduirait par la force les dernières fureurs de la force. Le ministre des Affaires Étrangères, Pichon, espiègle, a expédié au médiateur, en guise de réponse, le numéro de l’Officiel qui contient le discours de Clemenceau.