Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/39

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traindre à remettre l’épée au fourreau ! » Fier défi, d’autant plus admirable qu’il dut être lancé, au chaud d’une salle de rédaction, par quelque scribe qui n’avait pas d’épée, ni même de fourreau.

Le lendemain, la protestation est unanime. On montre le poing à l’Amérique. On lui crie la nécessité de la « Victoire par les armes ». On lui reproche de n’avoir pas pris parti pour l’Entente dès le début de la guerre. On l’accuse d’offrir sa médiation à la suite des propositions allemandes du 12 décembre. Et c’est faux. Car Washington et Berne se concertaient depuis cinq semaines pour la rédaction de cette note.

La Suisse, en effet, a joint ses instances à celles de l’Amérique. Aussi la presse ajoute-t-elle à l’injure la lourde ironie. Elle feint d’apprendre que les minuscules républiques d’Andorre et de San-Marin prétendent à leur tour imposer la paix aux belligérants.

Enfin, les journaux allemands qu’on nous laisse connaître témoignent de la même fureur indignée. Il semble que, dans tous les pays, les maîtres de la guerre soient dévorés du même désir frénétique de la prolonger jusqu’à ces buts… qu’ils refusent de révéler.

Encore un espoir qui s’en va.