Cette même censure laisse passer les rumeurs les plus baroques, lorsqu’elles servent la haine. D’après une information qui a fait le tour de la presse et qui a soulevé des commentaires faciles à imaginer, les Allemands tireraient de la glycérine et de la graisse des cadavres de leurs soldats… Un traducteur tendancieux avait confondu les cadavres des animaux et ceux des soldats.
On jouait cet après-midi Shylock — personnifié par l’admirable Gémier — en l’honneur de la Société Shakespeare. La représentation, qui devait s’achever vers cinq heures, se prolongea jusqu’à sept heures. Le rideau tombé, l’orchestre attaqua une Marseillaise imprévue, tandis quelques spectateurs, fort en retard, se hâtaient déjà vers la sortie. Au bord d’une loge, une dame impérieuse les immobilisa, en décrétant d’une voix forte qu’on ne bougeait pas pendant la Marseillaise. L’incident est menu, mais significatif. Dans quel temple, au cours de quelle cérémonie, même au moment le plus recueilli,